La documentation... un piège à éviter.
Voici un élément à ne pas négliger et qui, pourtant, peut se révéler très encombrant.
La documentation, il est difficile de s'en passer. Quand on est écrivain, et peut-être particulièrement pour la jeunesse, on multiplie les rôles et les thématiques. D'un roman qui se déroule sur un voilier, on passe à une aventure en Australie, une autre au Japon, à un voyage dans l'espace, puis on se plonge dans une thématique plus "sérieuse", un personnage touché par une maladie, l'exclusion, les drogues, le point de vue d'un clandestin...
Les écrivains jeunesse racontent rarement leur vie. Même si leurs expériences personnelles sont utiles, elles ne couvrent pas toutes les situations des personnages qu'ils mettent en scène et les lieux où se déroulent les actions.
À moins d'avoir un éditeur qui vous offre des billets d'avion à la pelle, et de disposer d'un temps illimité pour publier un roman, la documentation est donc un outil indispensable.
Mais manier cette documentation est véritablement un art. Pensez aux auteurs de romans historiques, spécialistes en la matière. On pourrait les séparer en deux catégories :
- la première où les auteurs proposent du "copié-collé" indigeste.
- la seconde où les écrivains parviennent à fondre leur documentation dans une fiction. Et on apprend alors un tas de choses sur l'Égypte, les hommes préhistoriques ou l'Angleterre Victorienne sans s'en rendre compte, et même avec grand plaisir.
Il ne faut donc pas être prisonnier de sa documentation.
Pourtant, quand on a mis plusieurs jours à trouver les infos qui nous intéressent, qu'on est même certain de détenir des éléments inédits qui captiveront à n'en pas douter les lecteurs, on risque fortement de tomber dans la première catégorie.
Dur de choisir ce qui est nécessaire pour notre fiction. Dur de jeter. Dur de garder pour soi ce qu'on voudrait partager.
Seulement, malgré la tentation, il faut rester toujours et encore au service de l'histoire et penser au plaisir du lecteur.
Euh... parfois, Isabel à tendance à rassembler un peu trop de documentation !
Il est bien sûr plus facile de mettre en garde que de donner un réel conseil dans ce domaine. Nous pouvons toutefois vous exposer notre méthode, ce qui vous aidera peut-être à mettre au point la vôtre.
Dans notre cas, c'est Isabel qui se charge de rassembler la documentation. Elle lit, compulse, fait un premier tri. Et elle me donne le paquet, avec le plan du récit.
Donc, avant de commencer l'écriture, je lis la documentation, une fois, deux fois, trois fois... et je m'en débarrasse. Je l'enferme à double tour et je laisse ma mémoire faire le tri. Pendant l'écriture, je m'interdis de retoucher à la documentation (même si la tentation est parfois grande). Ainsi, je privilégie le scénario, l'écriture, l'histoire.
Au final, ce que ma mémoire a oublié (et c'est une vraie passoire !), et bien, je me dis que ça ne devait pas être si important, que ces éléments auraient encombré inutilement l'histoire sans intéresser le lecteur !